C'est un personnage particulier, pour moi. Il y a quelques années j'étais invité par le Comité Normandie Niémen  aux Andelys pour les commémorations du 5 juin. J'ai eu la chance de pouvoir bavarder avec le frère de Marcel Lefèvre et plusieurs représentants russes présents. J'ai gardé de bons liens avec cette association malgré leur départ du petit musée des Andelys qui a l'époque était mis à disposition par la municipalité.. Il faut croire que le devoir de mémoire devient moins important.
Pour ouvrir le volet : Grands pilotes de la section histoire du site je ne pouvais mettre que lui. Suivra un de ces amis.

 

YAK 9 de Marcel Lefèvre insigne "Le père Magloire" N14

Marcel Lefèvre nait le 17 mars 1918 aux Andelys (Eure), 6eme d'une famille de 7 enfants, dans une famille modeste d'ouvriers

Son père est victime d'un grave accident de travail en 1923 , son frère aîné , est tué en accomplissant son service militaire en 1926.

Marcel Lefèvre passe brillamment le brevet élémentaire, il a 16 ans et aimerait continuer ses études, mais ses parents n'ont pas les moyens pour lui faire continuer ses études. Il devient employé de banque tout en  continuant à étudier par lui-même.

Il rêve de l'aviation et obtient, grâce à l'Aviation populaire, son brevet de pilote en 1937.

En avril 1938, il s'engage dans l'armée de l'air. Il est envoyé à l'Ecole d'Angers, où il obtient son brevet de pilote militaire le 1er août 1938. En décembre, il est promu sergent.

Elève moniteur à Istres en janvier 1939, puis à Salon en août, il perfectionne ses talents de pilote. Lors de la  déclaration de guerre, il est moniteur de chasse à Bergerac volant sur Curtiss H 75, qui est fourni par la firme américaine. Un avion certes inférieur aux appareils allemands, mais plus efficace que le "vieux" Morane 406 déja dépassé.

En juin 1940 au moment de l'armistice, il totalise 785 heures de vol mais il est très amer de ne pas avoir participé activement aux combats.

Démobilisé le 1er janvier 1941. Il passe un mois chez lui avec ses parents, avant de franchir clandestinement la zone de démarcation, pour faire annuler son congé et il est affecté à Blida puis au groupe de chasse I/III à Oran en avril 1941.

Il se lie d'amitié avec deux camarades - Marcel Albert et Albert Durand - et les trois hommes décident de rallier la France libre.

Le 14 octobre 1941 un exercice est prévu, Marcel Lefèvre aux commandes de son Dewoitine 520, reçoit l'ordre d'attaquer une cible-avion, il part en piqué et disparaît en rase-mottes, en direction de Gibraltar. Ses deux compagnons l'accompagnent. Marcel Lefèvre atteint par erreur le côté espagnol mais parvient à redécoller devant les carabiniers et à rejoindre le rocher de justesse.

De Gibraltar, ils embarquent sur une corvette. Le voyage est périlleux, plusieurs bateaux du convoi sont coulés, et ils participent au sauvetage des rescapés. Ils arrivent finalement à Londres et Marcel Lefèvre signe son engagement dans les Forces aériennes françaises libres le 19 décembre 1941.

Affecté au Centre d'Instruction de Camberley, il passe en février 1942 à l'Operational Training Unit 57 (OTU 57) de Chester et est promu aspirant le mois suivant.

Le 30 avril 1942, il est affecté au 81 Squadron de la Royal Air Force et est chargé de la défense de Londres. Il effectue de nombreuses missions sur la Manche et la France occupée.

Sur l'initiative du général Valin, il est décidé de créer une escadrille de chasse française sur le front russe. En juillet 1942, Lefèvre et ses deux amis sont volontaires pour cette escadrille. Après un long voyage qui les amène à Lagos, puis à Rayak et à Téhéran, ils arrivent en URSS le 29 novembre 1942.

Après trois mois d'entraînement sur les Yak et sous les ordres du commandant Tulasne, le sous-lieutenant Lefèvre se révèle le plus brillant des chasseurs. Il participe aux offensives victorieuses de Ielna, Smolensk et Orcha. Mais, en novembre 1943, le groupe est décimé et épuisé, ayant perdu vingt pilotes. Marcel Lefèvre, quant à lui, compte onze victoires sûres et trois probables.

Des pilotes en provenance d'Afrique du Nord renforcent alors le "Normandie-Niémen" ; Lefèvre sans hésiter ne prend pas les quelques mois de repos auxquels il a droit, mais se sacrifie pour "mettre en selle" les nouveaux venus.

Le 25 décembre 1943 il est promu lieutenant et reçoit le commandement de la 3e escadrille "Cherbourg" équipée de matériel neuf. Par ailleurs passionné par les mœurs et coutumes de la Russie, il en apprend la langue dans ses moments de repos.

En mai 1944, le groupe quitte Toula pour repartir au front, dans la région de Vitebsk.

Le 28 mai 1944, alors qu'il totalise 1 300 heures de vol et 128 missions de guerre, Marcel Lefèvre part en mission de reconnaissance sur les lignes à la tête de 11 Yak. Mais son appareil subit une avarie, une fuite d'essence, et tente alors de le ramener. Au moment où il se pose sur le terrain où stationne le "Normandie", une immense flamme jaillit sous le ventre de l'avion et Lefèvre, torche humaine, sort de l'appareil en courant et se roule sur le sol. Il est immédiatement conduit à l'infirmerie du régiment, gravement brûlé au visage, aux mains et aux cuisses, mais il garde un bon moral.

Evacué sur l'hôpital de Moscou Marcel Lefèvre décède le 5 juin 1944. Il est inhumé à Moscou au cours d'une cérémonie émouvante et solennelle puis, en 1953, dans sa ville natale des Andelys.

14 Victoires ( 11 homologuées )
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 11 avril 1944
• Croix de Guerre 39/45 (9 citations)
• Héros de l'Union Soviétique avec Ordre de Lénine (URSS, oukase du 4 juin 1945)
• Ordre de Lénine (URSS, oukase du 4 juin 1945)
• Ordre du Drapeau Rouge (URSS)
• Ordre de la Guerre patriotique de seconde classe (URSS)
• Médaille de la Victoire